ISABELLE BONZOM
TUILERIES
À la suite de son travail sur le nu masculin, Isabelle Bonzom a consacré une partie de sa réflexion au pouvoir dramatique et symbolique des statues dans le paysage urbain. Elle a peint une série de Poilu, monument aux morts côtoyant des signes de la société de consommation. Puis, des sculptures de nus masculins dans le jardin des Tuileries ont fait l'objet de nouveaux tableaux. Le critique d'art, commissaire d'exposition et collectionneur, Gabino Kim, historien de l'art spécialisé en théologie, donne ici son interprétation du tableau "Tuileries. Samaritain, I".
"Par l'émancipation de la couleur, "Tuileries - Samaritain, I" fait aussi exploser les émotions stériles du spectateur. Dans le travail d'Isabelle Bonzom, le sens haptique (cf. Aloïs Riegl), par lequel l'oeil touche et la main voit, est offert aux spectateurs. Les artistes qui traitent du Bon Samaritain sont nombreux : Van Gogh, Rembrandt, Moreau, Giordano, etc. Ces oeuvres contiennent et retiennent la narration: les spectateurs peuvent facilement en saisir la leçon. Cependant, "Tuileries - Samaritain, I" est plus post-moderne: il n'y a pas d'intention d'expliquer, ni de donner de leçon. À travers la couleur, le tableau agit directement sur le système nerveux du regardeur et révèle l'amour inconditionnel de celui-ci qui est au coeur du message du Bon Samaritain.
Isabelle Bonzom est l'artiste qui compose avec les émotions et les sensations à travers la peinture. Elle ne nous montre pas seulement "la vie en rose" ou l'utopie. Le sens et les sens sont intrinsèquement liés : l'amour et la douleur apparaissent dans sa peinture, comme une ambivalence. Il s'agit de l'union des contraires, la coincidentia oppositorum (cf. Mircea Eliade). Ces deux notions paradoxales, amour et douleur, vont au delà de la situation initiale, d'une manière insensée. Elles dépassent littéralement l'entendement. C'est justement ce paradoxe qui nous attire vers la peinture d'Isabelle Bonzom."
Extrait de "L'émancipation de la couleur" un article de Gabino Kim à propos de la peinture d'Isabelle Bonzom