ISABELLE BONZOM
LE GOÛT ORIGINEL DU PÊCHER
À propos de la peinture d'Isabelle Bonzom par Anne Galzi
La curiosité n’est pas un vilain mot à la condition d’en faire un point de départ, pas un point d’arrivée. Explorer et parcourir une œuvre comme un fond marin, pieds et mains palmés, pupille ouverte sur du braille est un préalable à toute imprégnation-immersion artistique.
Le regard fouille, l’œil sédimente.
Passé ce cap, ce monde des profondeurs que l’on pensait connaître révèle une autre dimension : la mosaïque de paysages dessine soudain les contours d'un portrait. Des paysages pour composer un portrait ? Qui souhaite en prendre le risque? À la verticale de ce grand flacon bleu opaque remonte alors l’identité immergée d'un artiste et d'une œuvre.
D’autres artistes ont suscité chez Anne Galzi cette appétence. Elle est l'auteur du texte très remarqué "Dee//Dear" à propos d'"Actéon, IV" de Berlinde De Bruyckere, pour le site d'art contemporain Regard au Pluriel et d'une réflexion sur la Fresque de Giuseppe Caccavalle pour la Biennale de Venise 2015. Elle a travaillé ponctuellement avec C. Gabriel (artiste Musée Louvre, Musée d’orsay) . Elle s’intéresse à la peinture d’Isabelle Bonzom depuis une dizaine d’années.
Le goût originel du pêcher
Un fruit vient d’être cueilli sur l’arbre de la connaissance ...
La pulpe du kiwi ou la chair du litchi n’ont pas de secret pour le peintre
Isabelle B. se présente sous son vrai nom : une fille vitamine C,
Mordre la vie à pleine dent, garder la dent dure à ce souvenir est son alphabet.
Curriculum vitae d’une peinture, en rémanence d’un souvenir un fruit devient tableau
Peut-on pour autant affirmer : « ce tableau est un fruit » ?
Ne serait-il pas plus exact de dire : « ce tableau est la mémoire en bouche d’un fruit… frais » ?
Un fruit qui n’a pas eu le goût du péché. Cette peinture le défend corps et âme.
I.B. cherche invariablement l’empreinte de ce souvenir dans le lit défait de sa toile : un fruit délicieux a éclaté en bouche.
Le jus brave le temps, éclabousse sa peinture et coule sur sa main, geste pictural.
Une main fleurit à nouveau et repousse la nuit, à la cicatrice du fruit cueilli sur la branche
Anne Galzi, 2015
Voici une biographie qui ne vous apportera aucun élément sur ma vie réelle. Aller à la rencontre d'un artiste ou d'une œuvre c'est trouver un angle, qui à lui seul vous fait devenir un personnage fictif. Pour être à chacun de ces rendez-vous, il faut devenir autre. Ici, je suis le plongeur de l'ARTique, Dessiné à l'aube de l'humanité Sur la paroi sud universelle de la Dalle du Paestum. J'ai plongé dans les profondeurs du grand liquide bleu, polaire et froid pour circonscrire l'inflammation d'une artiste qui porte haut les couleurs de la chair: Isabelle BONZOM. C'est la couleur du bleu qui parle à la couleur de l'exaltation, cherchant l'univers d'une chair si hautement sublimée. Les profondeurs du monde souterrain et marin révèlent une mosaïque de paysages dessinant soudain les contours d'un portrait. L'identité immergée d'un artiste et d'une œuvre remonte alors à la surface de ce grand flacon bleu opaque. Anonyme, sauf de quelques-uns, l’angoisse, toujours renouvelée devant le grand vertige de la vie : se jeter à l'eau... une eau pas toujours aussi froide que ce que l'on croit. ...se résout ainsi : De la curiosité à l'envie, les yeux grands ouverts sur le monde, le monde de l'art en particulier.
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